Pour la mixité commerciale en ville.

Publié le par Kevrenn Bro An Oriant



 Annick Lécuyer est conseillère déléguée UDB à la mairie de Lorient, en charge des relations avec les associations de commerçants (centre et quartiers). Elle contribue ainsi à différents projets. Elle a ainsi apporté sa pierre à la réussite des noels enchanteurs. Elle nous présente ci dessous la philosophie qui guide son action et ses propositions à l'équipe municipale.


Le commerce est une composante essentielle du dynamisme et de la structuration des villes.

Au Moyen Age, le centre ville était constitué de l’église ou de la cathédrale, suivant l’importance de la ville, du cimetière autour de l’église et de quelques tavernes. Les rues qui partaient de l’église étaient très spécialisées, ce qui a laissé des traces dans les appellations même des rues : rue des Merciers, rue de la Grande Boucherie, rue Poissonnière.

 

Puis, avec Aristide Boucicaut en 1852 est apparu le premier Grand Magasin Urbain. La révolution commerciale qu’il inaugurait avec la vente à prix fixe a entraîné la naissance des Grandes Chaînes de Magasins Populaires qui se sont répandues au cœur des villes, toutes au nom synonyme : Uniprix, Monoprix, Prisunic…..etc

 

Peu à peu, les Centres Villes ont été délaissés avec la création du commerce de périphérie, grâce à la démocratisation de la voiture et les facilités des grands parkings . Le succès de la Grande Distribution a déstabilisé le rapport des clients avec les autres commerces. Le Centre Ville s’est paupérisé, les magasins désertés ont fermé et il s’est créé des vides commerciaux très importants.

 

Nous sommes à un moment où la ville et surtout le Centre Ville se réinvente avec le vieillissement de la population, la progression des familles monoparentales et des personnes seules. Se dessine alors un retour vers les centres vitaux de la ville. S’y implantent, à des endroits stratégiques des Centres Commerciaux qui regroupent des «Locomotives »  nationales sinon internationales et quelques boutiques, avec des voies de déambulation et des « places de repos ». Lorsque ce Centre Commercial est bien intégré dans la circulation des badauds, ce n’ est que bénéfice pour tous.

 

Le centre d’ une ville est son identité-miroir dans lequel se reflètent ses faiblesses et ses atouts, sa qualité et son attractivité. C’ est un lieu de promenade, de loisirs, de rencontres, de culture et d’ achats. C’ est donc un lieu de vie indispensable et fragile.

 

L’ attrait du Centre Ville tient à l’ animation et aux vitrines attirantes. Le danger, aujourd’hui, vient de la trop grande prolifération des banques, agences d’ intérim, assurances et agences immobilières. Le phénomène n’est pas nouveau  mais ses effets progressent à chaque ouverture. Il y a deux conséquences importantes : les commerçants craignent de ne plus avoir accès aux emplacements intéressants et de voir les artères commerciales se faner avec des vitrines mortes. Il est rare qu’un passant stationne devant la vitrine d’une banque puis continue sa promenade de vitrines de banque en vitrines d’assurances…etc.… Trop de banques et d’assurances dans une rue entraîne une diminution de la circulation piétonne et engendre une tertiarisation  importante des rez de chaussée commerciaux. Le risque est alors que le Centre Ville devienne le Pré Carré des banques et assurances. Cependant, et c’est sans doute le seul avantage de la crise financière, celle-ci obligera peut-être les établissements bancaires à diminuer le nombre de leurs agences et libèrera à nouveau des emplacements commerciaux.

 

Malgré tout, une Municipalité consciente de son obligation à maintenir dans son Centre Ville le commerce traditionnel n’est pas totalement désarmée face à l’appétit bancaire. L’obligation d’observer un certain périmètre entre les établissements bancaires est possible puisqu’il existe pour certains commerces par rapport aux établissements scolaires par exemple.

 

De même , le code de l’Urbanisme accorde un droit de préemption à la Municipalité lorsqu’il se crée un vide commercial dans une rue.

L’action de Nantes est encore plus exemplaire et peut être dupliquée dans de nombreuses villes. Le 25 octobre 2008, le Président de la Chambre de Commerce de Nantes, le Député-maire et le Président des Comités de Banques des Pays de Loire ont signé une Charte visant à limiter l’implantation des banques en Centre Ville. Désormais, avant toute nouvelle création, il y a, pour les établissements bancaires, obligation de concertation avec la Chambre de Commerce et d’Industrie et la Ville.

 

Le Centre Ville ne peut être ni un musée, ni un lieu spécialisé. La mixité commerciale bien pensée et bien équilibrée est vitale.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       

 

 

           

 

 

Publié dans Lorient

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